Lundi 10h10
Face à mon ordinateur, je m’apprête à cliquer sur le bouton.
Combien de fois ai-je glissé mes doigts sur le trackpad depuis ce matin ?
Tel un tableau, le temps semble s’être figé : le bol du petit déjeuner toujours sur la table, le jus des fruits qui commence à sécher dans le fond et le thé qui ne fume plus…
Seule la musique anime ce décor si familier pour moi et les enceintes, qui vrombissent déjà si tôt, servent de réveil aux derniers voisins qui peinent à trouver la force en ce premier jour de la semaine…

Jeudi 18h14 (4 jours plus tôt)
Je me regarde dans le miroir, pince les côtés de ma jupe pour l’ajuster et me dis que je la retoucherai demain, je n’ai plus le temps.

Jeudi 18h10
Ma mère m’observe et me dit « c’est marrant toutes les 2, on n’est pas faites avec des hanches rondes. Notre arrondi est plus bas et on se retrouve toujours à flotter dans les jupes à ce niveau là.»
Je viens de faire un 36 pourtant. Je lui explique que selon le tableau de mesures de la créatrice, le tour de hanches est de 90, soit 2 cm de moins que le mien et que sachant cela, en décalquant le patron, je l’avais redessiné en lui rajoutant 2 mm au niveau de la largeur des hanches. Mais était-ce vraiment nécessaire… 

Jeudi 17h43
Ça sonne.
Les enfants jouent ou plutôt s’occupent. Le jeudi c’est journée sans télé. Ils ont râlé comme à chaque fois mais sont vite passés à autre chose.
Je vais ouvrir.
Comme à son habitude hebdomadaire, ma mère est sur le palier, souriante, le teint hâlé par les efforts fournis sur son vélo, présente pour s’occuper des loulous pendant que je vais à la danse.
Il me reste encore un ourlet et j’ai terminé.

Jeudi 16h58
« … bonne pioche ! J’ai une famille !»
Nous sommes en train de jouer ensemble autour de la table avec des tartines beurrées et saupoudrées de chocolat pour le goûter. Dans ma tête, ça veut dire aussi « si je passe un peu de temps avec eux, ils seront satisfaits et je pourrai plus facilement les laisser pour aller finir ma jupe… »

Jeudi 16h18
Je dois partir à l’école, je suis en retard comme d’habitude.
Dommage j’ai presque fini. J’enlève ma jupe et sautille en glissant mon pied dans une jambe de mon pantalon. Dehors, il pleut… et cette constatation que le temps nous joue toujours des tours quand c’est le moment d’aller chercher les enfants… pourquoi ?

Jeudi 15h05
« Allez, il me reste 1 heure !».
J’ai décidé de ne pas faire comme indiqué.
Pour plus de facilité et pour qu’il n’y ait pas de décalage lors du montage de la fermeture éclair, je choisis de ne pas coudre tout de suite le bas de la jupe mais plutôt d’assembler la glissière en premier, en la prenant en sandwich avec la parementure du dos.
Tout est une question de feeling. Bizarrement, je ne me schématise pas encore toutes les étapes improvisées par lesquelles je vais passer mais je le sens bien.
J’ai aussi changé de plan.
Avec mon tissu et mes surjets blancs, je me voyais utiliser une fermeture éclair blanche invisible mais le manque de temps m’a empêché d’aller en chercher une et l’envie de finir la jupe rapidement se fait sentir de plus en plus. Seul, un zip noir standard m’attend dans ma bonbonnière.
« ok ! je vais le rendre invisible et mettre du noir quelque part ailleurs pour justifier ce choix de couleur. »
Les finitions avec un biais m’ont paru être la meilleure idée. Du coup, je finis mes bords de parementure avec et j’avoue être séduite par cette association. Même si je serais la seule à voir ces finitions d’enfer quand je l’enfilerai, j’aurai la fierté immense de porter un vêtement bien fait.

Jeudi 14h21
Mon volant vient d’être posé. « Pppfffff… quelle tuerie… »
Il ondule délicatement le long du bord de la petite partie du devant. La jupe est asymétrique et se compose de 2 devants aux bas arrondis. Une petite fente vient finir cette jonction.
À quoi va ressembler cette jupe une fois sur moi ?

Jeudi 13h37
Le ventre plein, j’alterne entre la surjeteuse et la machine à coudre. Je change mon réglage de surjet. J’ai décidé de ne pas faire d’ourlet standard à mon futur volant pour ne pas l’alourdir. Je pense lui préférer un ourlet roulotté.
Les essais sont longs. Mes chutes s’amenuisent petit à petit. Une inattention me fait perdre du temps. Le volant se trouvait parmi elles et m’a servi d’échantillon pour tester les surjets sans que je ne m’en rende compte. L’idée de ressortir mon grand coupon de tissu pour recouper la pièce abîmée ne m’enchante pas mais je n’ai pas le choix. La jupe n’a besoin que d’un petit mètre et sur mes 3 mètres, j’ai encore de quoi faire ! Je suis ravie car c’est un tissu qui me plaît beaucoup et j’aimerai le réutiliser.
Je crois que j’ai enfin trouvé la bonne tension de fil.

Jeudi 10H32
Par terre dans mon salon, la musique à fond me fait trémousser au dessus du tissu. Je m’arrête le temps de l’utilisation des ciseaux. Ce serait dommage de découper des ondulations imprévues.

Jeudi 9h51
Les enfants sont à l’école.
Le décalcage est fini, 6 pièces au total, 5 pour moi… la poche je sais pas, on verra plus tard… et l’auto-satisfaction d’avoir à rayer déjà quelque chose sur ma to-do-list.

Mercredi vers 15h
Je poste une photo de mon colis sur Instagram.
Cloé la créatrice de Kit By Klo vient de m’envoyer le patron de la jupe Ginger.
Emballé en furoshiki d’un beau tissu ivoire à pois irréguliers noirs, on m’annonce la couleur. La délicatesse du paquet et les étiquettes si joliment présentées me rassurent et me font dire que j’ai bien fait d’attendre patiemment ce colis égaré.

Tissu

Sergé de coton gris clair tout doux de chez Sacrés Coupons

Taille

T.36

Modifications

J’ai ajouté 2 mm sur le côté du dos en décalquant le patron mais une fois la jupe essayée, j’ai finalement réajusté en gagnant presque 2 cm de tissu. 

Plusieurs modifications concernant le montage. Je n’en ai fait qu’à ma tête et je suis ravie du résultat 😋

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