
Le patron Nunki voit le jour Chez ma copine Machine
Le patron Nunki voit le jour Chez ma copine Machine
Les origines
Quand j’ai commencé à dessiner des modèles, je n’imaginais pas une seconde comment ils allaient vivre leur vie ensuite, ni savoir comment j’allai les utiliser.
Initialement, j’ai suivi des cours de patronage/gradation. Je me rappelle qu’à l’époque j’avais du mal à concevoir qu’on me donne des règles à appliquer sans m’expliquer leurs fondements.
Pourquoi devait-on tenir compte de telles ou telles mesures à multiplier ou diviser par d’autres pour réussir à obtenir la courbure d’une emmanchure par exemple.
Et je dois dire que la prof de l’époque, aussi compétente soit-elle, n’avait pas spécialement des argumentaires très convaincants quant au choix de ces mesures face à mon scepticisme. Je m’en allais, donc, bêtement remplie d’informations prêtes à être utilisées machinalement.
J’ai mis beaucoup de temps à appliquer ce que j’y avais appris. Après avoir dessiné un patron final en taille 38 (ça, c’était plutôt facile, j’appliquais sans trop me poser de questions), je voulais toucher à la gradation, c’est-à-dire à l’évolution du modèle dans d’autres tailles.
Cette étape était assez longue, minutieuse et délicate car je n’utilisais que mes outils de dessin et mon crayon à papier. Et quand un patron comporte plusieurs pièces et que l’on souhaite créer une évolution sur 6 tailles par exemple, c’est multiplier le nombre d’actions sur toutes les pièces et toutes les tailles.
Pour les non-initiés, il faut savoir qu’il s’agit de cibler tous les repères importants sur une pièce et en créer des nouveaux pour une taille inférieure ou supérieure, en se fiant à un barème de mesures qui suit l’évolution du corps de la femme dans ses différentes proportions. Il y a plusieurs paramètres dont il faut tenir compte. Les différentes posture des épaules qui entraine un arrondissement du dos plus ou moins important ou la cambrure qui entraîne le placement du bassin d’une certaine façon ne sont que de petits exemples ; autant de facteurs qu’il faut savoir épouser, contourner, ou généraliser pour arriver à concevoir au mieux un modèle qui ira à une majorité de personnes.
Bref autant vous dire que mon respect pour les modélistes et gradeurs s’était largement accentué.
La rencontre
Je travaillais, donc, sur Nunki ; cette petite blouse, ce petit top qui se voulait aérien avec des lignes graphiques mais féminines, ce petit haut qui serait à la fois ample et cintré en mettant en valeur la poitrine et la cambrure du dos.
Aussi simple était-il dans sa présentation et son nombre de pièces, il m’a fallu quand même pas mal de temps pour réussir à sortir un patron utilisable pour le plus grand nombre d’entre nous.
Voilà pourquoi, pour valider mon travail, j’ai voulu le faire essayer par quelques couturières.
Aurélie de Chez Machine a été l’une d’elles. Je me souviens encore de sa version destinée à sa sœur réalisée dans un tissu remplis de baigneurs.
Plusieurs mois s’étaient écoulés depuis lorsqu’il a été question de collaboration avec Chez Machine. J’étais flattée par une telle proposition et j’ai commencé à travailler d’arrache pied sur un modèle. Aurélie me laissait le champ libre de le concevoir à mon image. Et c’est ainsi, qu’est néée Terebell, oui oui, la salopette !
Comme je le disais dans l’article précédant, cette salopette était une signature et il me plaisait de la voir sortir en premier. [Je n’imaginais pas à l’époque que je sortirai ma marque si rapidement.]
Et puis, pour des raisons de planning, Terebell s’est transformée.
Aurélie avait bien accroché avec Nunki et c’est avec grand plaisir que je lui ai proposé qu’on se serve de ce patron-là.
Le gros du boulot était fait et ça lui laissait pas mal de marge pour préparer tout ce qui va autour. J’ai revu certains détails, notamment sur l’alignement des empiècements devant et dos et Aurélie a pu, ainsi, s’en servir pour créer les explications du montage et la faire partir en gradation. Chez Machine ayant ses propres tableaux de mesure, il fallait repasser par cette étape pour que Nunki devienne un véritable modèle de la marque. D’ailleurs, mis à part ce nom d’étoile qui fait un clin d’œil à Plumti.lab, je trouve que ce vêtement se fond littéralement à l’univers de Chez Machine et j’en suis plus que ravie.
Mes versions
Voici, donc, les différentes interprétations que j’ai pu en faire. Une quatrième est en route mais je n’ai pas eu le temps de la terminer avant la sortie du patron.
La version bleue est la plus récente.
Vous vous apercevrez que le devant de la versions rayée à pois est très fine et les empiècements des parties hautes devant et dos ne se rejoignent pas contrairement à la version finale. En revoyant cette version, ça me fait sourire car je la portais incognito lors d’une soirée des Coupons de Saint-Pierre. Vous noterez également qu’un des modèles a la particularité d’avoir une ceinture. C’était un essai qui ne m’avait pas vraiment emballé car il diminuait l’effet de cintrage du dos joué par la découpe de l’empiècement. Avec cette ceinture nouée, le dessin de la silhouette était beaucoup plus standard et il ne ressemblait plus du tout à ce que j’avais imaginé. Il s’agit là de modèles que j’avais réalisé à l’époque avant les modifications dont je vous ai parlé plus haut. En faisant les comparaisons, on se rend compte combien il est important de ne pas se fier au premier jet et que la réévaluation d’un projet est toujours bénéfique.
Pour une des versions, j’ai trouvé aussi intéressant d’utiliser un passepoil pour surligner les découpes mais il n’est été aisé de le faire vivre dans les courbes sur un tissu fluide comme celui que j’ai utilisé. Il vaudra sans doute mieux, pour celles et ceux qui seraient intéressés par cette personnalisation, de l’appliquer sur un coton qui aura un peu plus de tenue.
Le plein d’émotions
Je suis heureuse que Nunki ait fait sa sortie officielle.Un bébé est né, enfin, après de si longs mois de couvade.
Merci Aurélie pour cette collaboration et toute l’histoire qu’il y a derrière car j’en garde de très bons souvenirs. Tu as créé pour ce patron un joli petit cocon pour qu’il se sente à l’aise. Et je suis sûre qu’il est entre de bonnes mains avec toi et Marie et que vous le verrez grandir fièrement.

Patron

Tissu

Taille
